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 Raison ou déraison ? [Mission Solo]

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Daya Trifide

Daya Trifide


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MessageSujet: Raison ou déraison ? [Mission Solo]   Raison ou déraison ? [Mission Solo] Icon_minitimeVen 25 Jan - 21:59


La dernière fois, Daya s'était débarrassée de ce qu'elle pouvait maintenant appeler « un ancien rival ». Ce décès impliquait donc que la petite bande d'adolescents Prices, qui autrefois la tourmentait, n'existait plus. Cela lui faisait des prédateurs en moins, à « l'erreur de la nature »... de quoi souffler un peu, diriez-vous ?
Non, pas vraiment.
L'Expérience n'était pas prête de baisser sa garde. Après avoir commis cette petite série d'actes irréparables, il lui fallait s'assurer que les rumeurs ne l’imputaient pas comme coupable à part entière. Ce fut la raison pour laquelle l'enfant ratée s'était approchée de la Tourbière, là où ses congénères avaient l'habitude de se tenir en communauté, au risque de se faire remarquer par un guerrier de la tribu. Sans doute qu'elle aurait échoué si elle n'avait pas passé quelques années de sa vie dans la capitale et ses alentours, à se cacher des autres ou même (le plus souvent) à les pourchasser.
Quand elle fut à portée de voix, Daya, depuis les ombres de sa planque, tendit l'oreille pendant de nombreuses minutes. Elle constata avec un certain ravissement que son nom n'était pas fiché sur toutes les lèvres, et que la disparition inexpliquée des jeunes Prices ne la mettait pas dans une situation délicate. Les grosses brutes de sa « famille » n'étaient donc pas prêtes de lui mener la chasse pour peu que ces derniers ne la voient pas se balader près de chez eux de façon suspecte...
La jeune réprouvée se rendit compte - pas pour la première fois, hélas ! - qu'elle n'avait aucun avenir de tracer parmi les porteurs d'écailles. Autrefois, la seule chose qui l'avait retenue de disparaître du paysage dans l'espoir d'y trouver de meilleurs horizons était la présence de l'Ermite, le grand reptile qui l'avait recueillie malgré sa différence de peau lorsqu'elle était toute petite et qu'elle avait été abandonnée par ses véritables parents. Le Fou ou le Cinglé - comme ses congénères l'appelaient dans son dos - s'était même chargé de les réduire à jamais au silence. Daya ne regrettait pas la mort de ces monstres ; elle estimait même que ses parents ne la méritaient pas, qu'ils avaient gâché leur chance en ayant cédé aux réflexions injustes et aux menaces venimeuses de leur entourage néfaste.
Mais elle avait des remords. Des remords vis-à-vis de son protecteur, qu'elle avait dû tuer pour assurer sa propre survie. Des remords pour avoir été aussi lente dans sa quête de récupération des médicaments indispensables à la santé mentale de son père adoptif...
C'était là le seul véritable échec de son existence.
Et depuis, elle était seule. Seule et sans plus aucune attache. Sans plus aucune personne à qui parler. Sans plus aucune personne à qui se confier. Elle ne pouvait plus qu'écouter les autres à leur insu, tapie dans l'ombre comme un rat à l'affût du moindre petit morceau de fromage susceptible de tomber...
Daya était sur le point de s'en aller, pour peut-être s'éloigner à tout jamais de sa soit-disant famille, quand un sujet de discussion insolite l'interpella. Il n'était pas question d'elle ou de ses dernières victimes, non ; les reptiles parlaient d'un des leurs, qui s'était vraisemblablement retiré de leur communauté à des fins purement scientifiques. Les rumeurs faisaient mention d'un lézard rachitique mais doué d'un certain génie en matière d'alchimie ou de quelque chose dans le genre... des ragots le mettaient dans le même panier que l'Ermite déchu, ce qui donnait matière à réfléchir à l'Expérience.
Elle fut interrompue dans sa méditation quant l'un des locuteurs laissa échapper une information qui, pour le coup, ressemblait bien davantage à une légende, à un mythe grossier et déformé par d'incessants bavardages. Selon la conversation qui avait lieu entre ces crétins crédules, le mystérieux alchimiste avait mis au point un produit capable de faire disparaître les écailles d'un sujet comme par magie ! On racontait même qu'un témoin l'avait vu faire au beau milieu des tourbes, et que ledit sujet n'était autre qu'un Lézard épineux...
Mensonges ou vérité ?
Si tout cela s'avérait vrai et que Daya parvenait à mettre la main sur ce fameux produit miracle, alors elle pourrait peut-être se reconstruire une vie ailleurs, loin de cette fausse famille. En revanche, s'il s'agissait-là de légendes répétées et gonflées par des piliers de taverne ou autres individus de cet acabit... L'Expérience ratée repartirait simplement bredouille.
Il n'existait pas trente-six solutions pour découvrir si tout cela était véridique ou non.
Avec un tout nouvel objectif en tête, Daya quitta sa cachette sans produire le moindre bruit alors que la discussion dérivait sur un autre sujet sans importance.



Les Prices avaient parlé d'un Lézard épineux sur lequel le scientifique avait testé son produit. Daya connaissait les tourbes comme sa poche, ainsi que la localisation exacte des nids de ces créatures venimeuses.
A son avis, l'alchimiste n'était pas assez fou pour élire domicile à proximité d'elles ; il avait sans doute déniché un endroit où elles n'oseraient pas s'aventurer. Il devait certainement avoir trouvé le bon compromis, comme la frontière territoriale entre deux espèces plus ou moins aussi dangereuses l'une que l'autre. Pour diminuer le risque qu'un Prices puisse l'épier, peut-être s'était-il installé à bonne distance d'un repaire de Vampires Simiesques ? Il n'y avait que ces forces de la nature pour le tenir à l'abri de ses puissants congénères.
Daya ne disposait que de cette seule piste, alors elle se fit fort de la suivre.
"Les précautions d'abord, toujours."
 Fidèle à son axiome, l'Expérience longea les territoires des deux races, n'explorant que leurs limites respectives. Elle gardait un œil sur tout ce qui se défilait sur son chemin : les grands arbres moisis, les buissons au feuillage endormi, les étendues marécageuses et nauséabondes... partout ! Y compris dans les bâtisses abandonnées et conquises par la végétation.
Et il y en avait bien une dans les tourbes, située à proximité de la zone qu'elle explorait, qui pouvait susciter l'intérêt d'un alchimiste désireux de ne pas trop se faire remarquer...
Toujours sans jamais baisser sa garde, en évoluant aussi silencieusement que possible comme lui avaient appris son employeur et son entourage issus des bas quartiers de la Capitale, Daya s'y rendit, les mains toujours à proximité du manche de ses dagues.
Ses pas la guidèrent jusqu'à une sorte de lac putride au-dessus duquel une mince passerelle en métal oscillait doucement. Elle n'était pas assez large et solide pour supporter le poids d'un Vampire Simiesque, et les Lézards épineux ne s'approchaient que très rarement de cet endroit en raison de la dangereuse proximité des monstres précédemment cités.
Avec son poids plume, Daya passa l'obstacle sans rencontrer de problème - le vestige métallique de la civilisation avait grincé dans son sillage mais c'est tout. Le misérable ponton couvert de rouille, de mousse et de plantes ligneuses l'amena au pied des ruines d'un bâtiment à demi-enfoncé dans le sol.
Une fenêtre faisait office de porte. Un cadre de métal rongé autant par les affres du temps que par l'humidité ambiante entourait l'issue. Daya en analysa les bords intérieurs et déduisit, à partir de leur irrégularité, que quelqu'un avait découpé le grillage qui naguère devait s'y trouver incrusté.
A l'intérieur, on y voyait goutte.
Quand l'Expérience plongea la tête et les mains dans cette ténébreuse issue, un bruit trahit sa présence. Elle avait plaqué ses mains contre une grille en fer qui faisait maintenant office de paillasse... ou de détecteur de nigauds.
Daya grimaça et, par crainte, porta son regard loin dans ce qui semblait être une sorte de long conduit.
Elle n'eut le droit à aucun comité d'accueil. L'endroit semblait désert.
Elle pénétra à l'intérieur et attendit que ses yeux s'habituent à l'obscurité de ce nouvel environnement avant d'y évoluer en rampant.
C'était un véritable labyrinthe, mais Daya en vint finalement à bout. Pour trouver son chemin, elle s'était fiée aux traces que le résident des lieux avait laissé dans la poussière. Guère très récentes, il lui avait quand même fallu plisser les yeux pour ne pas les perdre de vue.
Sa traque la mena dans une pièce bien plus vaste que l'interminable conduit.
La salle en question ressemblait à un couloir dont un côté comportait une épaisse paroi métallique tandis que l'autre était constitué d'un matériau plus souple, surmonté d'une succession de vitres qui laissaient passer un peu de lumière. Plus loin, on pouvait voir l'entrée de pièces adjacentes.
 Daya dut descendre avec précaution du conduit car le sol se trouvait à deux mètres de hauteur par rapport à l'issue dont elle provenait. L'endroit était jonché de bouts de verre et de débris de tout genre. Un peu de mousse s'était collé aux vitraux, en compagnie de quelques lianes bien moins impressionnantes par leur taille qu'au dehors.
L'Expérience marcha tout droit en jetant bien entendu quelques coups d’œil aux pièces voisines - encombrés pour la majorité de meubles retournés -, ceci avant de s'immobiliser à quelques pas d'une salle modérément éclairée. A la différence des autres, la lumière qui s'en échappait n'était pas naturelle et ce ne fut qu'en posant un pied dedans que Daya comprit pourquoi.
De la verrerie de laboratoire trônait sur des tables métalliques disséminées dans toute la pièce. A l'intérieur des fioles, des ampoules à décanter, des tuyaux transparents et autres joyeusetés chimiques, des liquides colorés et luminescents circulaient, se mélangeaient ou paressaient en attente de reprendre de l'activité. Un réseau de canalisation serpentait également contre le plafond.
Daya avait vu juste : elle se trouvait maintenant dans le laboratoire secret du lézard alchimiste.
Ses yeux vairons exploraient le refuge du mystérieux personnage...
La salle était plus grande que les précédentes si bien que l'Expérience dut s'avancer dans l'espoir d'avoir un visuel sur son résident. Elle longea les tables éclairées par les étranges liquides luminescents avant de remarquer au bout d'un certain temps, par-dessus l'une d'entre-elles, une silhouette vraisemblablement affairée à elle-ne-savait-quoi sur un bureau.
C'était bien le Prices qu'elle recherchait ; malgré la blouse tachée qu'il portait sur les épaules, la queue reptilienne de l'alchimiste trahissait son appartenance à cette famille.
A en croire le domaine de prédilection du lézard, ladite famille ne pondait pas que d'irrécupérables brutes épaisses...
Sans même se retourner, le scientifique s'adressa à l'intruse de sa voix sifflante :

- Je sssavais bien que tu finirais tôt ou tard par venir iccci. Toi plus que les autres.

Daya se demandait bien comment ce type avait fait pour déceler sa présence aussi rapidement. Elle préférait toutefois ne pas afficher son étonnement, ce qui pourrait la rendre vulnérable aux yeux de son locuteur.

- La grille, siffla le scientifique tout en se tournant vers elle. Quant tu as marché dessus, le son s'est propagé à travers le conduit avant de parvenir jusqu'ici.

- ...Je savais bien que vous sauriez que j'étais là, mentit-elle plus par fierté qu'autre chose.

Incrédule, le reptile au visage émacié leva les yeux au plafond avant de se détourner de l'Expérience.

- Moui. C'est bien. Je te féliccccite. Maintenant tu peux rebroussssser chemin, petite prétent-sssieuse. J'ai beaucoup de travail, vois-tu ?

Il secoua une main pour lui faire signe d'aller voir ailleurs.
Daya ne bougeait pas, son regard insistant toujours fixé sur le dos du lézard.

- Je ne suis pas venue ici pour savoir si vous existiez ou non, répliqua l'Expérience. J'ai entendu dire que vous avez inventé un produit...

- J'ai inventé beaucoup de produits, la coupa le lézard en lui jetant un méchant coup d’œil. Autant que l'étendue de mon génie peut en produire. Mais je ne partage pas mon ssssavoir avec n'importe qui. Alors oussste ! Du balai !

- ...Un produit miracle, continua la jeune Prices comme si rien ne s'était passé entre-temps, quelque chose de bien pratique. Quelque chose qui a fait un peu de bruit parmi les vôtres. Quelque chose qui-

- Pourrait t'être utile ? termina l'alchimiste à sa place. Je n'ai pas de temps à te conssssssacrer, petit monsssstre ! Et qu'il exisssste ou non, je n'ai absolument aucune raison de te le donner.

La mine de Daya s'assombrit devant ce refus catégorique. Un éclair de menace passa dans son œil écarlate.

- Je peux vous en donner une plus convaincante que toutes les autres, de raison.

Sans quitter des yeux l'alchimiste, elle dégaina prestement ses dagues.
L'alchimiste se mit à lui rire au nez. Il s'était quand même tourné vers elle, alerté par la menace dans la voix de sa locutrice.

- Bien sssssûr, oui ! Tu pourrais recourir à la forccce, comme toutes les brutes déccccérébrées de notre belle famille. Mais tu ne parviendras jamais à mettre la main sur ce que tu es venue ccccherccccher ici, jeune sssssotte.

Daya coula un regard sur la verrerie alentour. Des post-it définissaient certains liquides qu'elle contenait. Sous son écharpe, l'Expérience se fendit d'un petit sourire rusé.

- Les habitudes ont la vie dure ; vous m'avez l'air du genre à laisser traîner des notes un peu partout, voire même à tout étiqueter. Et comme je ne suis pas née de la dernière pluie en matière de composants toxiques et autres produits de mon quotidien, les chances que je parvienne à dénicher ce que je convoite sont plus grandes que vous le pensez...

- Petite inconsssssciente ! Cccette arrogancccce juvénile... Tu t'exposssses à de gros ennuis, tu le ssssais ççça ?

Daya, majoritairement stoïque, se contenta de pencher légèrement la tête de côté.
Le regard du lézard luisait de malice. Il avait sans doute un as dans sa manche, prêt à être utilisé en cas d'intrusion dans son laboratoire. L'Expérience ne doutait pas de son intelligence. Elle restait vigilante, comme toujours.

- Et si vous me les présentiez tout de suite qu'on en finisse ?

- J'aurais dû commenccccer par là, fit le lézard avant d'émettre un sifflement atypique.

Dans son champ de vision périphérique, l'Expérience vit une ombre se déplacer avec rapidité. La chose utilisait les larges tuyaux accrochés au plafond pour se mouvoir. Elle manqua emporter une oreille de Daya sur le chemin qui la mena jusqu'à son... maître ?
Contre toute attente, Daya, les yeux plissés, reconnut un Lézard épineux.
La bête portait un épais collier noir garni de piques autour du cou, ainsi que des bracelets du même style au niveau des pattes avants et arrières. De toute évidence, le Prices alchimiste a su l'apprivoiser.
Le Lézard épineux bondit souplement sur le bureau sur lequel son maître s'était penché quelques minutes auparavant. Il rugit à l'attention de Daya, après quoi son maître le gratifia d'une petite caresse sur son encolure, en prenant bien évidemment soin d'éviter de toucher ses redoutables épines empoisonnées.

- Je te présente Ssssting, déclara l'alchimiste en dardant Daya de ses yeux reptiliens. Ssssting je te présente ton casse-croûte, fit-il en pointant du doigt l'Expérience. Ceci dit...

Puis, du bout des griffes, il extirpa une petite capsule d'une des nombreuses poches de sa blouse qu'il donna à gober à son animal domestique.

- Voilà qui devrait faire l'affaire~

Il s'éloigna immédiatement du bureau sur lequel Sting gagnait en volume ! La bête s'y accrochait, ses muscles contractés à l'extrême, presque au point de faire craquer ses accessoires au cou et aux pattes. Elle émettait d'horribles grognements, la tête basse, ses dents pointues exposées ! Au même titre que ses écailles, ses yeux se mirent à luire d'un rouge menaçant.
Le Lézard Epineux, qui n'était jusqu'ici pas plus grand qu'un chien, paraissait beaucoup plus dangereux et intimidant.

- Attaque, Sting ! A la gorge !

Le monstre restait malgré tout fidèle à l'alchimiste.
Il poussa un rugissement rauque, adapté à sa nouvelle carrure, avant de s'élancer à la poursuite de sa proie désignée !



Sous le rire sifflant de l'alchimiste, Daya tourna vivement les talons et détala à travers le laboratoire, entre les tables jonchées d'ustensiles de chimie. Sting la talonnait, la gueule ouverte, une écume jaune s'y écoulant ! Le lézard se déplaçait avec autant de souplesse dans ses longs bras-avants que de puissance dans ses plus petites pattes-arrières.
L'Expérience ne viendrait pas à bout de cet adversaire en usant de moyens conventionnels.
En plein course, Daya changea brusquement de trajectoire ! Son poursuivant, plus imposant qu'elle, dérapa en voulant faire de même. Il alla s'écraser contre une armoire remplie de bocaux vides tandis que la présumée fuyarde s'était glissée sous une table. Elle eut le temps d'imbiber ses lames d'un poison plus puissant... ou du moins qu'elle espérait assez efficace pour venir à bout d'une créature dopée.
Dans le cas où je parviens à le blesser, il y aura deux conséquences possibles : soit mon poison n'aura strictement aucun effet sur lui, soit il mettra un peu plus de temps pour agir...
...Elle était mal barrée.
L'affreux reptile s'était déjà dégagé des débris de l'armoire. Daya n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour l'entendre escalader la tuyauterie au plafond... juste au-dessus de sa position. Ses griffes crissaient contre le métal lorsque le lézard se déplaçait, alors quand elle se rendit compte que le son s'était interrompu aussi brusquement son premier réflexe fut de rouler hors de sous la table !
Le métal qui la composait plia sous le poids de la créature renforcée, envoyant du même coup valdinguer quantité de matériel de chimie.
Mais nul ne semblait s'en soucier - hormis peut-être son propriétaire ?
En tout cas, Daya ne pouvait pas se permettre de fuir éternellement ; elle se releva en trombe et porta deux coups de dagues au lézard au teint rouge.
Mais la chose avait les écailles solides. Si bien que les lames, pourtant bien aiguisées, ricochèrent contre leur surface. En se rendant compte de cela, Daya écarquilla les yeux et bondit en arrière pour se mettre à l'abri... un peu trop tardivement, cela dit.
Une patte palmée s'abattit contre son buste en l'envoya voler à travers le laboratoire !
L'impact lui coupa le souffle en plus de lui faire cracher un peu de sang.

- Oumpf... !

L'Expérience atterrit sur une table reculée et curieusement vide de tout matériel. Elle rebondit sur le flanc et se réceptionna souplement sur ses jambes pliées, à même le sol, là où des notes s'étaient éparpillées suite à son crash.
Daya reprit son souffle et leva les yeux au plafond. Le Lézard s'y trouvait suspendu et la guettait, prêt à bondir à tout instant.
Les poings serrés sur ses dagues, L'Expérience jaugea son ennemi, essayant d'anticiper la posture qu'elle allait prendre pour mener une énième fois l'assaut.
Le monstre rugit et se propulsa sur elle de sorte à pouvoir l'abattre de son menton garni d'épines !
Daya exécuta une roulage sous l’œil attentif du monstre, puis tourna sur elle-même avant de lui introduire une dague entre l'aisselle et le cou. Le cuir n'étant pas protégé par des écailles dans cette zone précise, le coup fit mouche. En revanche, le manche de l'arme lui fila entre les doigts.
Le Lézard épineux hurla de douleur. Son adversaire, bien que du genre sournoise, jugea bon de reprendre un peu de distance. Frapper une seconde fois aurait été une erreur : la bête gesticulait dangereusement, agitant les griffes de ses longs doigts palmés de façon tout à fait imprévisible !
Maintenant, c'est une course contre la montre.
Pour gagner du temps, Daya renversa la table sur l'animal. Son dos courbé était si robuste qu'en comparaison du coup de dague au flanc cela ne lui fut que très peu dérangeant.
La jeune Prices s'enfuit en coupant par-dessous d'autres meubles du même genre. Le Lézard poussa un rugissement de fureur et repartit à ses trousses. Bien que pas mal gêné par le cure-dent coincé juste sous sa clavicule, il repoussa violemment tout élément du décor qui lui encombrait la voie ! Du verre, des liquides et tout un tas d'autres composants chimiques volèrent dans la salle.
A l'autre bout de la pièce, collé contre un mur, l'alchimiste se rendait maintenant compte de la bêtise qu'il avait commis en injectant pareil produit à son animal de compagnie. Daya ne prêtait aucune attention à ces cris scandalisés. Il récoltait simplement les graines qu'il avait semées en lui tenant tête...
Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, sinistre imbécile !
Derrière elle, tout ne se résumait qu'en un seul mot : chaos !
Dans sa rage, le Lézard Epineux frappa la dernière table qui lui faisait obstacle. Elle tourna deux fois dans les airs avant de retomber avec fracas là où s'était tenue Daya une seconde plus tôt.  
L'Expérience s'empressa de rejoindre le couloir d'où elle provenait. Le Lézard épineux marcha sur des bouts de verre dans son sillage et, en virant brusquement de côté comme l'avait fait sa proie avant lui, heurta la cloison métallique qui servait de mur dans le long couloir. L'animal voulut reprendre la poursuite mais vacilla, manifestement perturbé par de violents vertiges.
Un détail qui n’échappa pas au regard acéré de l'empoisonneuse, ce malgré le fait qu'elle se trouvait déjà à l'autre bout de la pièce, prête à se faire la malle par le conduit d'aération.
Elle hésitait encore, à vrai dire...
Plus loin, la créature reprit son avancée. Elle marchait de travers, même en s'aidant de ses quatre pattes.
C'était peut-être une occasion rêvée pour...
Est-ce que je tente ma chance ou bien je la laisse filer ?
Elle fronça les sourcils. La vie l'attendait dehors, certes. Mais quel genre de vie pour elle qui n'avait plus rien mis à part ses dagues et ses quelques fioles de poison ?
A quelques pas d'elle, le Lézard épineux piétinait, les yeux entrouverts et la gueule dégoulinante de bave.
Les muscles détendus et la dague au poing, Daya inspira un grand coup.

- Pour une fois...

Un expression de pure détermination sur son visage, Daya fléchit sur ses jambes.

- Que les précautions aillent au diable !

Usant de son agilité naturelle et de sa prodigieuse souplesse, l'Expérience fondit sur son ennemi affaibli ! Celui-ci tendit une patte en avant, mais pas assez vite pour pouvoir la surprendre. Daya rebondit sur le mur de métal et plongea sa lame là où elle avait abandonné la première.
L'attaque arracha un râle fatigué au monstre qui mourut plus vite que prévu, la première dague poussé par la seconde ayant vraisemblablement atteint un point vital.
En fin de compte, le fait que la créature ait autant couru ne l'avait pas aidé du tout, bien au contraire ; les battements frénétiques de son cœur n'avaient fait qu'accélérer la propagation du poison dans son organisme, et les effets de la capsule que lui avait donné l'alchimiste n'avaient duré qu'un temps.
Peut-être s'agissait-il d'un prototype ?
Daya en voulait pour preuve la couleur des écailles du Lézard épineux. Elles avaient retrouvé leur teinte initiale, à savoir le vert marécageux.
L'Expérience se détourna de l'animal après avoir récupéré ses dagues poisseuses de sang. Heureusement qu'elle porte toujours des gants, et pas seulement pour cacher sa « difformité reptilienne »...
Après quoi elle remit les pieds dans la salle en grande partie dévastée par sa rencontre avec le « clébard reptilien » de l'alchimiste. Ce dernier, l'air dépité, contemplait le désastre...
Il s'était légèrement autodétruit en voulant expulser la Prices de son domaine.
Daya le toisa de toute sa hauteur.
Lui en voulait-elle ? Peut-être, qui sait ?
En tout cas, elle était venue le voir pour une chose bien spécifique. Sans doute allait-il falloir qu'elle le lui rappelle suite à sa récente victoire ?
Chaque chose en son temps : Daya choisit avant tout de le piquer au vif.

- Satisfait ?

L'alchimiste leva les yeux pour croiser son regard. Si lui ne vit que de l'indifférence dans celui de Daya, elle put profiter de la colère muette qu'elle lisait dans les siens.

- Vous voyez ce qui se passe quand on devient déraisonnable ? D'une manière ou d'une autre, le monde autour de soi finit toujours par s'effondrer.

- Sssale pessste, pleurnicha le lézard.

- Ne faites pas cette tête. A bien y réfléchir, je pourrais vous faire perdre bien plus que du simple matériel. Vos recherches sont encore intactes, bien à l'abri dans ce qui vous sert de tête.

- …Toi, tes menaccces et tes moqueries... Allez au diable !

Sous son écharpe, Daya esquissa un faux sourire.

- Pourquoi aller à sa rencontre quand on sait qu'on a tous un peu de lui en nous ? Vous êtes bien placé pour le savoir, vous qui ne vous êtes pas gêné pour sacrifier votre petit chien de garde après l'avoir dopé.

- Tu oses... me faire la morale ? siffla l'alchimiste, tremblant de rage.

- Non. Je vous remets simplement les pieds sur terre.

Elle lui glissa ses dagues sous la gorge... avant de les ranger.
L'alchimiste, résigné à mourir, ne put masquer son étonnement.

- Souvenez-vous : j'ai parlé de déraison. Vous n'étiez pas le seul ciblé par cette remarque.

Son interlocuteur plissa les yeux.

- Qu'est-ce que tu manigances ?

- Vous le saurez bien assez tôt, éluda la Prices. Avant tout, rassurez-moi sur un point... Ce produit miracle qui fait disparaître les écailles, il existe ?

- ...

- Oui ou non ?

- Si je te dis non, me croiras-tu ?

- Non. Mais je saurais que vous êtes un fieffé crétin doublé d'un menteur. Quelqu'un vous a vu l'utiliser dans la nature. Et si la rumeur vient à se répandre, vous risquez d'avoir de sérieux ennuis...

Le lézard poussa un profond soupir.

- Je me fiche bien de cccce que peuvent en penssssser les autres. Cccce ne sssssont que des brutes sssssans cccccervelle pour qui les sssstratagèmes et l'évolution ne méritent pas qu'on ssss'y intéresssssse. Ils sssse contentent de sssssurvivre et ne voient pas plus loin que le bout de leurs naseaux...

- En effet. Et donc eux pourraient considérer ce produit d'un très mauvais œil. A savoir comme une arme destinée à briser leurs défenses, au lieu d'un outil qui pourrait leur permettre d'infiltrer les rangs ennemis pour mieux les détruire de l'intérieur. Vous voulez un conseil ? Ne laissez pas le cynisme affecter votre intelligence. Vous y perdrez au change.

Il la regarda de manière suspicieuse.

- Esssst-cccce que tu ne ccccherccccherais pas à... négoccccier ? Après tout cccce qui vient de ssssse passssser, tu voudrais me faire croire que tu as déjà tout oublié ?

- Pourquoi pas ? Je n'ai rien perdu dans cette histoire, après tout. Vous avez légèrement égratigné ma fierté mais c'est tout. Contrairement à vous qui avez perdu votre... vaisselle, fit-elle, un tantinet moqueuse. Ah ! Et votre animal de compagnie, j'allais oublié. Mais vous n'avez pas l'air de vous en soucier.

Elle changea de ton, se montrant plus froide :

- Prouvez-moi que le produit dont je vous ai parlé existe bel et bien et je vous apporterai des précisions quant à ce qui pourrait éventuellement nous lier.

Il la fixa un moment, muet, avant de plonger une main griffue dans une de ses poches.
Un liquide jaunâtre reposait à l'intérieur du petit tube à essai fraîchement extirpé de sa cachette. L'alchimiste le contempla un instant avant de le tendre à l'Expérience.
Elle le refusa d'entrée de jeu.

- Pour qui me prenez-vous ? Je ne suis pas prête de vous faire confiance. Testez ce produit sur votre propre chair et nous verrons bien si vous avez su tirer une leçon de notre petite embrouille.

Cette fille avait l'esprit acéré. Le lézard la prenait pour ce qu'elle n'était pas - une gamine dupe et bornée.
Il se mit à ricaner avant de changer de fiole sous les yeux froids de la blonde.

- D'accord, d'accord...

Il en versa le contenu verdâtre sur sa propre main, qui fut aussitôt débarrassée de ses écailles. On aurait vraiment dit une main humaine !
Pour le coup, Daya ne put dissimuler son étonnement. Quand elle reporta son regard sur le lézard en blouse, ce dernier parvint à lire la question qu'elle était en train de se poser.

- Ceci pour une durée moyenne d'une demi-journée. Mais le produit n'est pas encore assez stable pour un usage courant. Sa mise au point risque de me demander davantage de temps...

Daya aurait commis une sacrée bêtise si elle avait eu l'audace de lui arracher ses petits secrets avant de le découper en morceaux. Comme quoi la force et la torture ne résolvent pas tous les problèmes...

- Ça me suffit, répondit-elle. Du moins pour le moment.

Il la regarda sans trop savoir où elle voulait en venir.

- Tu ne veux pas de la potion ?

Elle ne la lui avait pas arraché des mains, à sa grande surprise.

- Non. Par contre, vous allez devoir m'apprendre tout ce que vous savez. Oui, vous m'avez très bien comprise : à compter de ce jour, je serai votre assistante.

- Je n'ai pas confiance, baragouina le lézard.

- Ce qui nous fait un point commun. Restez sur vos gardes et je resterai sur les miennes.

- Je n'ai pas besoin d'une assistante, ronchonna-t-il tout en détournant les yeux.

- Ce n'est pas mon problème, rétorqua sèchement l'Expérience. Par contre, vous n'allez pas tarder à devoir rendre des comptes et, par extension, y laisser de nombreuses écailles. Pour les Prices, elles leur sont chers, vous saisissez ? Les leur ôter, ce serait les dénaturer, voire même les humilier. En suivant mes sages conseils, vous pourrez vous en sortir sans trop de peine. Et si cela venait à échouer, j'utiliserais la voie des ombres pour étouffer à jamais les mauvaises rumeurs vous concernant.

- ...Le Cinglé n'a pas élevé n'importe quel monstre, à ce que j'entends. Mais si jamais je te dénonce en échange de leur bonté d'âme, comment crois-tu que tout cette histoire va se terminer ?

- Ils me trouveront, me tueront, puis vous tueront ensuite car ils penseront que vous êtes malgré tout aussi dangereux que je le suis - si ce n'est davantage à cause de votre dernière invention. Nous avons donc tout intérêt à collaborer, vous ne pensez pas ?

- Vu sous cet angle...

- Vous pensez avoir le choix mais c'est vous mentir à vous-même.
Ne perdez pas de temps en de vaines réflexions ; nous avons beaucoup de travail ici, entre le cadavre de votre animal de compagnie en train de pourrir près de la conduite d'aération et le champ de bataille qu'est votre laboratoire.


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Raison ou déraison ? [Mission Solo]
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